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La Facellia et ses dérivés sont les dernières voitures sorties des chaînes du constructeur français Facel Vega. Pourtant, 61 ans après la disparition de la marque une équipe de passionnés est à l’œuvre pour faire revivre l’esprit de cette marque et de ce modèle. Comme ici on parle d’une marque historique, retour sur les différentes étapes de la vie de ce constructeur.
L’histoire de Facel Vega et aujourd’hui Facellia Automobiles nous est raconté par Benjamin le Team Principal News d’Anciennes. - Ewen, Team Principal DESIGNMOTEUR
Derrière la marque Facel Vega, un homme, Jean Daninos
Toute l’histoire de Facel Vega est liée au destin de Jean Daninos. Né en 1906, il rentre en 1928 chez Citroën, alors tout jeune constructeur. Daninos fait, peu de temps après, partie des équipes qui développent les coques tout acier des coupés et cabriolets de la novatrice Traction. Cette expérience du métal le mène chez Morane-Saulnier, constructeur d’avions, dès 1935 et il participe à l’étude des ailes, nervurées par de l’inox importé depuis la Suède par la société Metallon.
En 1937, il devient ingénieur-conseil à son compte. Toujours dans l’aéronautique, il travaille pour Bronzavia qui va en faire un de ses directeurs techniques. Au moment de la déclaration de la guerre, la société vient de créer la société des Forges et Ateliers de Constructions d’Eure-et-Loir, donnant l’acronyme commercial FACEL, à Dreux.
Pendant la guerre, Daninos fuit la France et trouve refuge auprès des américains. Il participe à l’effort de guerre en utilisant des techniques apprises chez Bronzavia. 1945 marque le retour de Jean Daninos en France, directement en tant que PDG de FACEL qui s’émancipe de Bronzavia. Par contre il fusionne la société avec Metallon.
Un département carrosserie de luxe est créé. On retrouve sur les chaînes des Simca 8 Sport, des Ford Comète et même des Bentley. En 1951, Daninos rachète une usine à Bronzavia, ce qui porte le nombre d’unités de production à trois : Dreux et Colombes pour l’automobile, Amboise pour tout ce qui est métallerie.
La création d’une nouvelle marque
En 1952, Jean Daninos se sent pousser des ailes. Il lance l’étude d’une voiture de grand luxe, pour rouler dans les traces Delahaye, Talbot-Lago ou autres Hotchkiss.
La voiture est une grosse 2+2 mais Jean Daninos se heurte à un soucis inédit. Étant carrossier, il ne veut pas produire son moteur. Il cherche donc en France, mais rien n’est assez performant ou sophistiqué pour propulser la voiture. Il retourne donc de l’autre côté de l’atlantique pour en ramener un V8 Chrysler Hemi, monté sur une DeSoto Les premiers essais ont lieu à partir de 1952 et après 130 000 km de test, elles est envoyée à Détroit pour parfaire sa mise au point.
En 1953, Metallon est séparé de Facel SA, qui sera le constructeur de la voiture. Pour le nom, Jean Daninos écoute son frère Pierre qui lui suggère Véga, étoile la plus brillante de notre voie lactée.
Les début de Vega puis Facel Vega
La Vega est donc dévoilée à Colombes (Hauts-de-Seine), dans l’usine Facel. L’ambition du nouveau constructeur séduit. La FV est présentée au Salon de Paris 1954 et aux mines le 4 février avec son 4,5 litres de 180 ch. Elle est produite à 10 exemplaires.
Dès le 15 mars, elle est améliorée avec l’adoption d’un V8 4,8 litres et devient FV1. La voiture est allongée de 12 cm. Elle développe 200 ch, et avec son poids de 1660 kg elle atteint les 194 km/h.
Après 33 exemplaires construits, la voiture change encore. Elle abandonne la marque Vega pour Facel Vega. La nouvelle voiture, la FV2 est équipée du même moteur. Elle inaugure un superbe coup de maître de Facel Vega : le tableau de bord en tôle peinte qui imite une ronce de noyer. 31 exemplaires sortent des chaînes. Autre signature qui apparaît : le pare-brise panoramique.
Dès Mars 1956 elle évolue en Facel Vega FV2B avec l’adoption d’un nouveau moteur de 5,4L et 255 ch. Là ce sont 74 voitures qui sont construits.
En octobre, nouvelle voiture, la FV3. Le moteur est un Plymouth de 4,5L et retombe à 200 ch. La ligne évolue avec un élargissement de la calandre, l’adoption d’ouïes plus larges et l’installation d’une seconde paire de phares en dessous des premiers. Facel Vega en produit 46. Elle est remplacée au bout d’un an par la FV3B qui voit le moteur remonter à 4,9L pour 235ch. 92 exemplaires sont produits.
En parallèle, Facel Vega dévoile la FV4 en mai 1957 pour le marché de l’export. Le moteur est un « vrai » Chrysler de 5,8L de 340ch pour la première série produite à 36 exemplaires. La seconde série s’équipe d’un 6,4L de 375 ch (!) qui l’emmène à 225 km/h.
Le summum : les mythes Excellence, HK 500 et Facel II
Au salon de Paris 1956, Facel Vega dévoile à côté de la FV3 une élégante berline de 4 portes qui pèse 2 tonnes. La voiture est sublime et ne ressemble à rien d’autre dans la production du moment. Les Bentley, Rolls Royce et Mercedes d’alors sont plus massives.
Sa gestation est longue puisque la voiture n’est commercialisée qu’en Mai 1958. Elle reçoit le moteur de la FV4 de 6,4L et 375ch. La berline de deux tonnes atteint quand même les 200 km/h !
Au salon de Paris en Octobre, Facel Véga dévoile la remplaçante des FV. C’est la HK500. C’est une évolution des FV et elle reçoit un nouveau moteur DeSoto de 5,9L et 360ch (le moteur est aussi installé dans l’Excellence, la EX1 à partir de ce moment). Son nom vient de son objectif de départ : 5 kg/ch.
La HK1 apparaît en 1959, on y installe un V8 Plymouth de 6,8L et 330ch. La HK 500 devient en Octobre 1960 la voiture à 4 places la plus rapide du monde avec 237,154 km/h.
En Juillet 1961, l’Excellence change de moteur en adoptant un 6,3L de 390 ch.
La HK500 est remplacée en Octobre 1961 par la Facel II après 490 exemplaires produits.
Cette nouvelle voiture reçoit un nouveau dessins, tiré de sa devancière mais encore affiné. Elle inaugure les optiques Megalux, développés par Marchal, qui carènent les deux optiques. La voiture est équipée du 6,3L de l’Excellence.
Avec 240 km/h revendiqués, elle reprend le titre de 4 places la plus rapide du monde. Les deniers modèles vont même recevoir un 6,8L de 400 ch !
Les deux modèles seront produits jusqu’en 1964. 153 exemplaires de la berline et 183 du coupé sortiront des chaînes.
Dénominateur commun : les V8 Américains
DeSoto, Plymouth, Chrysler, toutes ces « grosses » Facel Vega reçoivent des moteurs américains qui équipent des voitures du groupe Chrysler. Ces V8 (9 déclinaisons quand même) sont de la même famille, ce sont des V8 Hemi. Même si les moteurs montés sur les Facel ne portent pas encore ce badge, ce moteur est une vrai légende à lui seul.
Il doit son nom à la forme de ses chambres de combustion, hémisphérique. Les moteurs seront monté sur un nombre impressionnant de véhicules entre son apparition en 1951 et son arrêt en 1971. C’est une version 426 ci (7L) qui sera la plus produite (ci pour Cubic Inch). Apparue en 1965, cette déclinaison appelée Elephant Motor qui sort 425 ch aurait bien figurée sur les Facel. Elle est seulement apparue trop tard.
Parmi les voitures équipée du V8 Hemi, outre les Facel, on trouve de grands noms : Dodge Charger, Challenger et Dart, Plymouth Road Runner, Cuda, Superbird… (encore aujourd’hui avec la Dodge Charger SRT Hellcat)
Vendre plus en ouvrant sa gamme, l’histoire de la Facellia
En 1957, Facel Vega lorgne sur un nouveau marché. Loin des V8 et des petites séries, c’est un volume de 2500 voitures que veut atteindre la marque, en s’attaquant au segment des voitures de sport de moyenne cylindrée. Sont directement visé Porsche, Triumph, MG et Alfa Roméo.
La voiture reprendra le concept de ses grandes sœurs, un cadre basé sur deux longerons tubulaires entretoisés et une coque acier soudée sur le châssis. Les suspensions sont confiées à deux triangles superposés, reliés par des ressorts hélicoïdaux à l’avant, tandis qu’à l’arrière c’est un pont Salisbury suspendu par des lames semi-ellitpiques qui assurera la tenue de route.
Le freinage devait n’être assuré par des disques Dunlop qu’en option, mais c’est finalement en série que ce dispositif efficace assurera à la voiture un freinage supérieur à ses concurrentes. Le style est calqué sur les grandes sœurs, tout en restant plus petit. L’intérieur est bien fini, on abandonne cependant la fausse ronce peinte des premières Facel pour recourir à une planche de bord garnie de cuir.
C’est pour le moteur que la marque va rencontrer le plus de soucis. D’abord pour en trouver un. Toujours rien en France dans cette catégorie là, et les ministères sont alors regardants quand aux importations. Le deal avec Chrysler est inenvisageable.
Jean Daninos va alors se tourner vers Pont à Mousson, fondeur lorrain qui fournit à la marque les boîtes manuelles pour les modèles V8. Les lorrains disposent d’une étude du motoriste italien Carlo Marchetti, concernant un 6 cylindres en ligne, qui n’a jamais vu le jour.
La décision est prise de s’en servir de base pour un petit 4 cylindres de 1646 cm³. Le moteur est ambitieux avec double arbre à came en tête et une puissance annoncée de 115 chevaux à 6400 tr/min et un couple de 314 N/m perché à 4500 tr/min.
La mise au point est mené (trop) rapidement et la voiture est présentée au salon de Paris en 1959 en présence de Stirling Moss, parrain de la voiture, car habitué de la marque. Le nom est choisi « à part » du reste de la gamme : Facellia.
La fiche technique fait saliver, le petit moteur est donc puissant et le poids contenu autour de la tonne, permet d’envisager une vitesse de pointe de 180 km/h, d’atteindre les 100 km/h en 15,5 secondes (bonne performance à l’époque) et de couvrir le 400m départ arrêté en 19 secondes.
Le succès va d’ailleurs être au rendez-vous. Malgré le fait que la voiture ne soit pas encore homologuée, 1000 commandes sont prises, Daninos pense avoir réussi son coup.
La voiture passe les test d’homologation le 15 Mars 1960 et les premières livraisons interviennent au printemps, d’abord en cabriolet. Un coupé 4 places rejoint la gamme à l’automne et une version 2+2 est même proposée sur demande (en fait un cabriolet avec hard-top soudé, les fausses places arrières prennent la place du bac de capote).
Quelques critiques arrivent cependant, en particulier d’un journaliste qui va reprocher à la voiture de n’atteindre que 160 km/h en pointe. Daninos fait donc lancer une version S, à double carburateurs, de 126 ch avec laquelle il va battre une série de records sur autoroute à Anvers. Il atteint notamment 193 km/h sur l’exercice du kilomètre lancé.
Les ennuis commencent
C’est là que tout va commencer à se gâter pour Facel Vega. Le design du moteur est raté. Le refroidissement est insuffisant au regard des performances demandées. Les problèmes de surchauffe entraînent des ruptures des pistons.
La réputation de la voiture en pâtit immédiatement et les commandes se font rares. Pire, les prises en charge pour garantie se multiplient. Les finances de la société en prennent un sérieux coup. Les ingénieurs du Moteur Moderne* s’attardent alors sur le moteur pour le fiabiliser. Au passage, le moteur voit sa puissance grimper à 120ch.
*Moteur Moderne de la société dénommée « Moteur Moderne »
Ainsi équipée, Facel Vega lance la Facellia F2 à l’hiver 1961 et en profite pour apporter quelques modifications (orifice de remplissage d’essence, poignées de porte, assistance de freinage).
Les ventes ne repartant pas, c’est l’esthétique qui est revu en Juin 1961 avec la Facellia F2B. La ligne s’inspire de la nouvelle venue de la marque, la Facel II et adopte les phares carénés Megalux de cette dernière. Le moteur est dégonflé à 105 chevaux.
La situation va de mal en pis, l’entreprise est placée sous administration judiciaire et le conseil d’administration pousse Jean Daninos à la démission en août 1961. Il reste vice-président et directeur technique.
La nouvelle direction reconnaît maladroitement auprès de la presse les problèmes de moteur et on cherche donc un nouveau moteur pour faire rouler la Facellia. Pour remplacer un moteur à la fiabilité douteuse, rien de mieux qu’un moteur suédois réputé indestructible. C’est le 4 cylindres 1780 cm³ de la Volvo Amazon qui est retenu. Il développe 180 ch à 5800 tr/min et 14,1 mkg, mais plus bas que le Pont à Mousson, à 3400 tr/min. Avec ce moteur, Facel Vega annonce une pointe de de vitesse de 180 km/h.
La voiture en profite pour abandonner son nom en devenant Facel III et elle est présentée en Avril 1963. Elle reçoit de nouvelles ouies avant venant directement de la Facel II. La 2+2 est supprimée du catalogue et les commandes repartent à la hausse.
Les finances ne vont pas mieux. Pour aider la Facel II et la Facel III, on décide de créer une Facel 6 qui apparaît au printemps 1964. Basée sur la Facellia / Facel III, la voiture est alors équipée d’un 6 cylindres en ligne 2860 cm³ d’origine BMC qui équipe l’Austin Healey 3000. Avec 150 chevaux, la voiture est plus performante et s’approche des 200 km/h. Pour la distinguer de la Facellia, il faut regarder du côté du capot, plus bombé et un empâtement allongé pour faire rentrer le 6 en ligne.
Malgré des qualités certaines, sa commercialisation arrivera trop tard. Le 31 octobre 1963, le constructeur doit fermer ses portes, après un dernier salon de Paris empli de tristesse. Les voitures sont exposées mais on ne prend plus de commandes. L’entreprise est fermée.
Jean Daninos décède en 2001, non sans avoir pu percevoir l’importance prise par sa marque via l’Amicale Facel Vega qui possède la marque et veille à son utilisation.
Un nouveau projet : Facellia Automobiles
Le projet n’est pas récent, il date de 2012. Si la page Facebook Facellia Automobiles est régulièrement alimentée, le tout semble avoir pris du retard. Je vous invite aussi à voir le Twitter @FacelliaAuto
Si, à la base, le projet a joué avec le feu en reprenant le nom de Facel Vega, c’est désormais sous le nom de Facellia Automobiles depuis le 19 Novembre 2014. La genèse continue, le dessin général du concept HK semble figé, et le design intérieur aussi.
L'élégance française #chic #France #luxury pic.twitter.com/vughjEgMrp
— Facellia Automobiles (@FacelliaAuto) 10 Février 2015
Bonus : Infographics on car manufacturing
Infographics on car manufacturing where will be Facellia ? #infographic #manufacturing #car #world #graphicdesign pic.twitter.com/hXqRnJlU6G
— Facellia Automobiles (@FacelliaAuto) 10 Février 2015
Source :
Facel Vega, Facellia Automobiles
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