Partager la publication "Interview croisée inter-génération entre individus hyper passionnés : Thierry Le Bras – CIRCUIT MORTEL"
Interviews croisées
Auteur d’ouvrages, nouvelles et chroniques, consultant particulièrement sensible au développement de la communication judiciaire, Thierry Le Bras reste un passionné absolu de compétition automobile. Ancien pilote amateur, il reste proche du monde des sports mécaniques. Thierry a ouvert Circuit Mortel en janvier 2006. Autant dire que le blog bat largement la durée de vie moyenne de tels supports qui s’établit à deux ans.
Neuf ans après sa première note, Circuit Mortel poursuit sa trajectoire au rythme de trois nouvelles notes par mois. Une course d’endurance qui devrait durer encore un moment. Dans l’interview qui suit, Thierry nous expose l’esprit de son blog.
Nous avons croisé les interviews. Le fondateur Team Principal DESIGNMOTEUR répond aux mêmes questions sur Circuit Mortel !
Comment est née ta passion de l’automobile ?
Il paraît que quand j’étais tout petit, mes jouets préférés étaient les voitures miniatures, Norev, Dinky-Toys, Solido…
Dès avant l’école primaire, je me rappelle de moments où, avec mon père, nous écoutions Tommy Franklin commenter à la radio les 24 Heures du Mans et les Grands-Prix. Je ne comprenais sans doute pas grand-chose. Mais la voix passionnée et vibrante de ce speaker avec en fond sonore les vrombissements magiques des bolides créaient une atmosphère extraordinaire. C’était mieux que Noël. Une fête absolue.
Plus j’ai grandi, plus je me suis intéressé à la compétition. Quand j’avais dix ans, Jim Clark était mon héros. Je voulais que Ford terrasse Ferrari au Mans. Adolescent, j’ai été ravi de pouvoir assister à une course de côte qui se déroulait pas trop loin de chez moi et d’y réaliser des photos.
Bien sûr, je rêvais de courir. Le rêve s’est réalisé assez vite, avec des résultats sympathiques en course de côtes (des victoires de classe). Plus tard, j’ai dû le mettre entre parenthèses car il devenait impossible de concilier course automobile et contraintes professionnelles. Puis j’ai vécu ma passion de la course d’une autre façon, par l’écriture de récits, romans, nouvelles… En espérant, pourquoi pas, rouler en VHC un de ces jours.
Étais-tu et restes-tu un amateur des médias et produits culturels autour de l’automobile ?
Forcément. Dans Tintin, le magazine des 7 à 77 ans, mes pages préférées étaient les aventures de Michel Vaillant. Depuis, j’ai réuni la collection complète des albums. Dès l’âge de 9 ou 10 ans, je lisais chaque mois le cahier compétition de L’Automobile. Puis j’ai découvert les Éditions Marabout qui publiaient des livres sur les pilotes, des voitures de compétitions, certains circuits, épreuves, temps forts de cet univers. Je les ai littéralement dévorés.
Je reste un grand amateur de romans, films, BD, photos, sculptures, dessins et reportages autour de la course automobile. J’attends avec impatience le film de Joseph Kosinski consacré au duel Ford – Ferrari dans lequel Tom Cruise interprétera Carroll Shelby jeune. Tout comme celui qui va retracer la vie des frères Ricardo et Pedro Rodriguez, un de mes chapitres préférés de l’histoire du sport automobile.
J’ai adoré Le Mans avec Steve McQueen dans le rôle de Michael Delaney, pilote d’une Gulf Porsche 917. Une phrase prononcée par l’acteur fait partie de mes trois citations préférées :
« La course, c’est la vie ! Avant et après, il n’y a que l’attente. »
- Steve McQueen, Le Mans, 1971
« Le sport est un lieu parfait pour voir se commettre des crimes », a déclaré Harlan Coben dans une interview accordée à L’Équipe. L’intensité de la course automobile en fait le cadre idéal de polars et de thrillers. C’est donc tout naturellement que j’ai choisi ce milieu comme toile de fond de plusieurs romans et nouvelles. J’aimerais que certains de mes scénarii soient adoptés en BD, voire au cinéma. Si la BD peut éventuellement devenir un vrai projet avec un dessinateur en phase avec mes scenarii, je sais que le cinéma appartient au domaine du rêve car les tournages de scènes de sport automobile coûtent très cher.
Par contre, je ne joue pas à des jeux vidéo. Sans doute une question de génération.
Es-tu particulièrement séduit par :
Une époque ?
J’aime les voitures sportives, sans concessions, conçues pour le plaisir du conducteur. Cela me conduit à aimer les machines des sixties et seventies, avant que les contraintes de consommation de carburant et l’obsession de limiter la vitesse conduise les constructeurs à commercialiser des machines uniformes et aseptisées. Il existe encore quelques autos plaisantes, mais à des prix très élevés. Les modèles abordables sont aussi banalisés qu’un appareil électroménager.
Une catégorie de véhicules ?
Les belles GT bien sûr, Porsche, Lamborghini…. Mais j’ai toujours éprouvé un faible pour les berlines musclées de gabarit raisonnable comme l’Opel Ascona SR ou les BMW 323 et M3 des années 70 et 80. Ou encore l’Audi S4 des années 90.
Des marques ?
Aujourd’hui BMW en priorité. Sérieux, design, ergonomie parfaite. J’adore aussi Lamborghini. Beaucoup de sympathie également pour Audi. Et coups de cœur envers toutes les marques qui font gagner des pilotes que j’aime tant qu’elles les servent loyalement.
Des modèles particuliers ?
En évoluant sur plusieurs générations, je dirai la Shelby Cobra Daytona, les BMW M1, BMW 3.0 CSL et M3 1ère génération, la Lotus Elan des sixties, la Porsche 914/6, le coupé Alfa Roméo 2000 GTV Bertone, les Opel Ascona (1ère et 2ème générations) et la VW Golf GTI Mk1. Des voitures de caractère, des modèles agressifs dans leurs looks et sur le bitume.
Les sports mécaniques ?
Évidemment, toutes les disciplines. Je conserve un faible pour la course de côte parce que c’est la discipline dans laquelle j’ai le plus couru. J’aime aussi le rallye, l’endurance, les épreuves de voitures de tourisme, le rallycross comme tout Breton qui a suivi l’histoire de Lohéac.
La F1, c’est à part. Des pilotes exceptionnels, des performances fabuleuses, mais des aspects insupportables, une scénarisation discutable incompatible avec l’équité sportive. Après Spa 2014, j’ai eu l’impression d’assister à du catch grossièrement scénarisé, plus à une compétition sportive… Je ne sais pas si je regarderai les Grands-Prix en 2015. Si je développais davantage ma pensée, je soulèverais inévitablement des polémiques.
Des pilotes particuliers et si oui pourquoi ?
Le pilote devrait être au centre des sports mécaniques. J’aime particulièrement Didier Pironi. Il était rapide, intelligent, bon communicant. Il avait compris que le pilote moderne doit contribuer à l’amélioration de sa voiture. En 1981, à son arrivée chez Ferrari, il a eu un peu de mal à dompter une machine inconduisible. Il a convaincu Enzo Ferrari de travailler davantage sur l’aérodynamique et le châssis. En 1982, avec une voiture plus saine au comportement logique, il était devenu irrésistible. En plus, c’était un pilote éclectique, capable de gagner dans toutes les disciplines. Il a même participé à deux rallyes au début de sa carrière. Outre les F1, je l’ai vu piloter des BMW M1 au Mans et à Hockenheim. Du grand spectacle.
Ensuite, je citerai Olivier Panis. Un pilote qui n’a pas eu la chance d’être au bon endroit au bon moment en F1. Un homme remarquable, simple, franc, travailleur acharné, qui ne lâchait jamais rien sur la piste. Il avait toutes les qualités d’un champion du monde. Il n’a manqué que la bonne monoplace. J’ai été très heureux d’écrire sa biographie officielle. Anne, son épouse, est une femme remarquable. Elle l’a soutenu efficacement et a sûrement contribué à son équilibre et à sa force mentale. Puisse Aurélien, leur fils, réussir encore mieux que son père.
J’éprouve par ailleurs une sympathie particulière pour Beppe Gabbiani qui, s’il n’a pas beaucoup couru en F1, s’est mis à l’honneur dans d’autres disciplines. Beppe possède un sens de la convivialité et un humour que j’apprécie toujours. Je réactualiserai en 2015 un portrait que j’avais réalisé à la fin des années 2000.
J’aurais aimé que Loïc Duval intègre la F1. « Avec lui, nous tenions le Jenson Button français », a déclaré à son sujet le DTN de la FFSA. Loïc est rapide, sûr, sérieux. Qu’un garçon comme lui ne soit pas dans un bon baquet fait partie des aspects les plus détestables de la discipline dite reine. Heureusement, il a trouvé une autre voie pour s’exprimer. L’endurance lui offre un terrain de jeu fantastique. Il y a déjà remporté Le Mans ainsi qu’un titre de champion du monde et ce n’est pas fini. Je suis persuadé qu’un autre pilote de l’Eure, Paul-Loup Chatin, va marcher, ou plutôt rouler, sur ses traces.
La course, ce n’est pas que le circuit. Comment parler de mes pilotes préférés sans évoquer Yoann Bonato, l’homme des 2 Alpes, un des tout meilleurs rallymen français ? Ses qualités humaines sont à la hauteur de son immense talent de pilote. Vainqueur de l’Opel Adam Cup 2013 (après avoir gagné deux autres coupes de marques), il a terminé le championnat de France des rallyes 2014 à la première place des pilotes du groupe R2 sans avoir disputé toutes les manches. Il a bluffé tous les médias spécialisés au volant de son Opel Adam R2 Performance l’an dernier. Il faut qu’il continue à rouler et qu’il se batte pour le titre. D’autant qu’au-delà de son talent dont personne ne doute, son charisme et sa gentillesse naturelle en font un excellent vecteur de communication pour une marque et des partenaires.
Parmi les pilotes d’hier, outre ceux que j’ai déjà cités, je rappellerai Mike Hawthorn, vainqueur des 24 Heures du Mans 1955 sur Jaguar et champion du monde 1958 avec Ferrari. Il se tua dans un accident de la route peu après avoir mis fin à sa carrière sportive. Un garçon singulier et attachant dont la vie oscilla entre paradis et enfer.
Parmi les pilotes contemporains en F1, j’apprécie particulièrement les Nico (Rosberg et Hülkenberg), Kimi Räikkönen, Jenson Button, Sergio Perez et Kevin Magnussen.
Une mention spéciale pour Sébastien Loeb, Un monument, tout simplement. Une pensée sympathique pour Evgeny Novikov, un jeune rallyman russe à la vitesse et à l’adresse incroyable qui deviendra un vrai roi dès qu’il aura mûri.
Et bien sûr, je suis de près les performances de tous mes amis Facebook qui courent ! Parmi eux Yoann Bonato (j’ai déjà confié tout le bien que je pense de lui) Bastien Brière, Olivier Lombard, Jordan Perroy, Alexandre Dedisse (encore en kart), Sébastien Petit (le montagnard) et les autres…
Comment est née l’idée de créer Circuit Mortel ?
C’était le début des blogs et je venais de sortir un polar sur fond de course automobile qui s’appelait Circuit mortel à Lohéac. A l’origine, J’ai ouvert le blog pour parler du livre, des séances de dédicaces, des salons auxquels je participais, des retombées presse.
« Les personnages de fiction vivent, non seulement dans l’esprit de leur créateur, mais aussi dans un monde parallèle où ils entraînent les lecteurs », écrivit Serge Dalens.
J’adore cette citation et je souscris pleinement à la proposition de son auteur. Je me suis servi de Circuit Mortel pour faire connaître mes personnages de fiction, le contexte de leur vie, leurs goûts, leurs aspirations, leurs ennemis, leurs amis. Pour cela, j’ai souvent écrit des nouvelles (au sens de courtes fictions) les mettant en scène.
Puis la ligne de Circuit Mortel s’est élargie à l’actualité du sport automobile, aux contradictions et polémiques qu’il suscite.
Fin 2008, Circuit Mortel s’est orienté vers le vintage. Je raconte des voitures de compétition d’hier, des pilotes qui ne courent plus, des souvenirs personnels en course ou au bord des pistes. Je mets des photos personnelles en ligne quand c’est possible. Je ne m’interdis pas d’aborder des sujets contemporains, mais pas seulement. Et quand je couvre l’actualité, c’est souvent pour évoquer un de mes pilotes préférés.
Circuit Mortel n’a pas l’ambition de couvrir l’ensemble du paysage automobile. Il exprime des coups de cœur, parfois des coups de gueule, l’expression de la passion.
Naturellement, je continue à y évoquer mes fictions sur fond de compétition et à mettre mes personnages récurrents en scène dans des nouvelles illustrées.
Quel est le lien entre Circuit Mortel et tes autres activités professionnelles ?
Un des objectifs de Circuit Mortel reste de faire connaître mes livres à un public susceptible de les acheter parce que nous partageons les mêmes passions.
Je tiens aussi à y mettre en valeur des pilotes et passionnés d’automobile que j’apprécie. Cette tendance, déjà entamée, se développera en 2015. Attendez-vous à trouver plus d’interviews exclusives de pilotes, et aussi des interventions de passionnés qui raconteront la préparation de leurs voitures, leur souvenirs de courses, leur intérêt pour un champion…
Circuit Mortel est un vecteur de communication mais pas une source directe de revenus. Je reste donc entièrement libre de ma ligne rédactionnelle et de mon expression.
Comment vois-tu Circuit Mortel dans 5 ans ?
Les jeunes pilotes que je suis aujourd’hui seront tous devenus des champions en vue. Je parlerai davantage d’actualité !
Je pense rester sur une ligne comparable à celle qui se précise depuis plusieurs mois, c’est-à-dire un mélange de vintage, d’évocation de mes fictions et de chroniques consacrées à des passionnés. Compte tenu des milliers de diapos qui attendent d‘être scannées dans une pièce débarras, j’ai des archives pour alimenter le blog en photos inédites pendant encore plus d’une décennie !
Ton fantasme automobile ?
Le premier serait de créer une écurie VHC et de faire de temps en temps équipe dans des épreuves d’endurance avec un des pilotes de notoriété avec qui je suis en relation.
Au quotidien, je serais ravi de rouler dans une voiture issue de mon imagination. Plus précisément un coupé Vivia 3500 S, un petit bolide 2+2 tout droit issu de l’univers de David Sarel, un de mes héros récurrents. Une voiture construite à Kervignac dans le Morbihan, conçue pour rivaliser avec les BMW M3 et autres modèles du même gabarit. Ce qui relève du fantasme, c’est que les Vivia deviennent des produits dérivés des romans et nouvelles dont David Sarel est le héros.
Bon, avant tout ça, il faut que j’offre des versions papier de mes deux derniers polars qui ne sont pour l’heure sortis qu’en eBooks. Le marché français n’est pas prêt pour le tout électronique. Aux USA, l’eBook a dépassé le livre de poche. Nous en sommes très loin et je reçois chaque semaine des messages me demandant quand vont sortir les versions papier du PACTE DU TRICHEUR et de VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES.
Il faut que je trouve le bon partenariat pour finaliser ce désir des lecteurs dans les prochaines semaines. Ou que je mette en œuvre ce projet moi-même avec CreateSpace. Cette dernière solution est très séduisante mais je crains deux inconvénients : d’une part, le peu de sympathie des libraires vis-à-vis d’une société liée à Amazon et d’autre part, des difficultés de mise en page compte tenu de mon niveau informatique assez médiocre et de ma piètre maîtrise de l’anglais technique.
Mais j’y arriverai avant les 24 Heures du Mans, d’une façon ou d’une autre.
« N’ayez pas d’ambitions médiocres, ce sont les plus difficiles à satisfaire », affirmait le Général de Gaulle.
C’est ma troisième citation préférée. Car il faut toujours croire en ses projets, à ses rêves les plus fous et se battre pour qu’ils finissent par se confondre avec la réalité.
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